Les hommes du 140e RI pendant la guerre de 14-18

Le 11 août 1914

Départ à minuit 45 pour la frontière où nous nous battrons enfin ! Installés en réserve dans un bois de sapins. Café. Grande halte.
Dans l'après-midi nous redescendons à Anould (vallée de la Meurthe). Des aéroplanes passent toute la soirée. Bonne nuit. On ne s'est pas encore battu.
Notes de Jean Breton
Pierre RIGNON, 1er bataillon, dans son carnet

Alerte à 1 heure du matin; départ à1 heure 45; étape la Hoursasière- Fraize; forte chaleur.
 Le régiment quitte ses cantonnements :
•              1er et 2ème bataillons à 1h10
•              3ème bataillon et Etat-major à 1h30
La colonne constituée par les éléments disponibles de la 27ème Division se forme au point initial HAUTE-FONTAINE. Son objectif de marche est le Bois de MANDRAY (partie ouest) par l’itinéraire HAUTE-FONTAINE, ANOULD, FRAIZE, MAZEVILLE.
Le régiment est en queue de colonnes.
5h45 : Arrivée au bois de MANDRAY, ou le régiment prends une formation de rassemblement.
 
13h00 : L’ordre suivant est téléphoné et dicté au régiment :
 
 I - L’ennemi a été repoussé dans la Trouée de SAALES par les éléments du 14ème Corps qui occupent le col.
 
II – Stationnement :
Quartier général de la 27ème division général et de la 53ème Brigade à FRAIZE
Etat-major du régiment à FRAIZE
1 bataillon à PLAINFAING
1 bataillon à ANOULD
1 bataillon à FRAIZE et à CLEFEY
 
En conséquence, la répartition des cantonnements est faite de la façon suivante :
Etat-major, 4ème et 1er compagnie à FRAIZE
2ème et 3ème compagnie à CLEFEY
2ème bataillon à PLAINFAING
3ème bataillon à ANOULD
 
14H15 : le régiment quitte le bois de MANDRAY  pour occuper les cantonnements qui lui sont affectés.

le 12 août 1914

En exécution d’une dépêche du général Commandant le 14ème Corps d’armée, les troupes cantonnées restent au repos dans leurs cantonnements.
 
13h15 : Réception d’un ordre de la division prescrivant le départ immédiat du régiment pour le Col SAINTE-MARIE. En raison de la chaleur, la marche s’effectue par bataillon. Le régiment doit se rassembler vers GERMAINGOUTTE.
 
16h00 : En cours de route les 2ème et 3ème bataillons reçoivent une autre destination : ils sont dirigés vers le col des BASSES-GRENETTES pour former, sous le commandement du général BAQUET, une colonne composée de 2 bataillons du 140e, 6ème Groupe Alpin et d’un groupe d’Artillerie avec mission d’opérer sur SAINTE-MARIE-AUX-MINES pour le mouvement de terrain du RAIX DE L’HORLOGE.
  
20H10 : Arrivée du 1er bataillon et de l’Etat-major du régiment au cantonnement de WISSEMBACH.
Réveil à 4 heures. On ne part pas. Le 15e corps, qui hier a enlevé tous les cols des Vosges, reste aujourd'hui sur ses positions. Le canon tonne ce matin à l'aube. On n'entend plus rien.
(Notes écrites à la lueur du feu de bivouac).
Nous sommes partis précipitamment à 14 h. 1/2 pour Fraize. Nous sommes entre le col de Sainte-Marie et le col du Bonhomme. Nous marcherons  une partie de la nuit.
Demain ? ?

Notes de Jean Breton

Arrivée dans le bois au-dessus de Fraize à 6 heures; halte jusqu'à 3 heures; coucher à Fraize.

Pierre RIGNON, 1er bataillon, dans son carnet

Le 13 août 1914

5 heures matin. Franchissons la frontière au col de Bagenet. Premiers coups de feu, Le poteau frontière est arraché.
8 heures. La bataille s'engage. Pétarade générale. Nous sommes sur un chemin dans la forêt.
Je fais une aquarelle. Impossible de tirer. Immobilisés par l'artillerie allemande, muselée toutefois peu à peu par Victor Rochas qui tire dessus.
9 h. 1/2. Même situation. Nos troupes se mettent en marche. Nous sommes en réserve pour le grand coup à la baïonnette.
Nous somnolons tranquillement, quand des balles venant frapper dans le feuillage autour de nous, les hommes les accueillent avec des plaisanteries : « C'est pas encore celle-là qui me règlera mon compte.,.  « Hé adieu ! tu viens de chez ces cochons ? » etc., etc.
Un blessé de la 10e passe.
Midi. Le combat semble se ralentir. La 10e et la 11e Cie ont pris des dispositions pour passer à la contre-attaque venant du Sud. Que se passe-t-il.  On n'entend plus les fusils ; de temps en temps seulement, le canon. On entend un officier faire des commandements en allemand.
Midi 1/2. Dans le calme plat. Deux coups de fusil.
Dans l'après-midi, nous construisons une tranchée. Vers 17 heures, le canon et le fusil reprennent un moment. On prend des dispositions pour la nuit et l'on mange. Mais subitement nous partons à 7 heures. Les hostilités ont repris. Nous allons occuper les retranchements des chasseurs qui se sont fait démolir (7e bataillon).
Nuit passée couchés sur un chemin entre deux barricades.

 
Notes de Jean Breton
Sainte-Marie-aux-Mines

Le 14 août 1914

Le bataillon fournit deux reconnaissances :
L’une sous le commandement du lieutenant LAURENS, est dirigée vers LE RENCLOS DES VACHES. Cette reconnaissance se heurte à une tranchée abri organisée et a un homme tué.
La 2ème reconnaissance commandée par le lieutenant BOISSEL fouille le ravin de Breuil et s’avance dans la direction de SAINTE-MARIE –AUX-MINES.
Dès le matin, la 3ème compagnie est postée dans les tranchées au Col de SAINTE-MARIE. Le feu d’artillerie ennemie l’éprouve fortement (4 morts et 7 blessés dont un adjudant, 1 sergent, 1 caporal).
La section de mitrailleuses de ce bataillon est également en surveillance dans une tranchée sous-bois un peu au nord du col. La 4ème Compagnie réoccupe ses retranchements de la veille.
Le matin de part et d'autre on travaille. On n'échange que quelques obus. - Nous construisons des tranchées couvertes, contre le tir d'artillerie.
Dans le bois en conduisant des corvées j'ai vu beaucoup de morts et des mulets crevés.
L'infirmerie est bondée de blessés.
Donné coup de main pour enterrer un mort.
A 14 heures l'artillerie allemande nous canonne et prend nos tranchées d'enfilade. Nous devons abandonner nos positions et grimper à la crête.
Pendant toute cette marche les obus pleuvent  autour de nous. Trois blessés. La marche s'effectue toutefois dans un ordre relatif. On reprend son calme une fois arrêtés. Les obus pleuvent encore à peu de distance, mais nous ne sommes plus dans l'axe du tir.
A 14 h. 1/2 le tir cesse, puis il reprend un instant à 15 heures.
Les brancardiers remontent les morts et les blessés des autres compagnies et des sections de mitrailleuses.
A 15 heures notre artillerie, en position tout le long de la crête, commence un bombardement formidable.
A 15 h. 30 nous redescendons à la tranchée que nous approfondissons et que nous fermons par un double mur de branchages avec terre entre deux.
Nuit fraîche dans la terre humide de la tranchée. On tiraille toute la nuit.
Notes de Jean Breton
 

Nous mangeons, la soupe à 8 h. et creusons des tranchées ; la canonnade recommence à 9 h. puis nous construisons des abris le long de la route; à 5h. un aéro allemand; vive fusillade sans résultat; premier jour que les lettres nous arrivent; une pour moi; 1ère section va en reconnaissance (M-m).
Pierre RIGNON, 1er bataillon, dans son carnet

 
Départ de Grenoble pour le front le 14 août 1914 
  • ARNAUD Edouard, 1903, Grenoble
  • ARNAUD Paul Louis Damien, 1904
  • ARTHAUD Louis Désiré
  • BARREL CADIERE Joseph, 1905, Grenoble
  • BAYET Louis Amédée, 1905, Grenoble
  • BILLON Lucien Marius, 1902, Grenoble
  • BRET Antoine Lucien Ernest
  • BRUN Louis François, 1906, Grenoble
  • BUISSON Jules Joseph Octave, 1904
  • COLOMB-MARTINON Eugène Claude, 1904
  • DAVID Métally Amédée, 1904
  • GARAVEL Jean François, 1905, Grenoble
  • IMBERT-BOUCHARD Joseph Lucien Josué, 1904
  • JANIN Jean Marceau, 1900, Grenoble
  • PERRIN Aimé,1904,
  • PEYRONNET Louis Adrien, 1904
  • ROMAGNIER Arthur Louis, 1904
  • TIRARD GATEL Auguste Elysée, 1905, Grenoble
  • VEYRON Daniel Henri, 1905, Grenoble
  • VILLARD Eugène Auguste, 1902, Grenoble
  • VERNET Augustin Aimé, 1905, Grenoble. Il est rappelé le 4 septembre 1914. Il reste au dépôt jusqu’au 14 août 1914, avant de rejoindre le front avec le 340e RI.
  • Le 15 août 1914

    1er bataillon : 
    Le bataillon est rassemblé dès 4h00 dans le bois au nord du col en vue d’une attaque sur SAINTE-MARIE-LES-MINES. Vers 10 le bataillon, à l’exception de la 3ème compagnie, reçoit l’ordre de se porter au petit col au Sud-ouest de la côte 818, crête du Breuil, en vue d’une attaque ultérieure sur ECHERY et SAINT-PHILIPPE. 
    Vers 15h00, ce détachement a été surpris dans le Bois de BRECHAIN GOUTTE (partie orientale) par une violente canonnade qui a tué le Capitaine FRELAUT, commandant de la 1ère Compagnie, blessé le commandant POUSSEL, chef du 1er bataillon, le lieutenant LAURENS de la 1ère Compagnie, 3 sous officiers, 1 caporal et 9 hommes de troupes de la 1ère compagnie, 2 sous officiers de la 2ème Cie, 2 soldats de la 4ème compagnie et une maréchal des logis éclaireur monté. 
    A la suite de cet événement, le détachement centre à ses bivouacs du col : la 3ème  compagnie réoccupe ses tranchées en avant-postes au col et la 4ème compagnie se porte sur WISSEMBACH ou elle s’établit en grande garde dans la direction du RENCLOS DES VACHES. 

    2e et 3e Bataillons –


    Les Blessés

    POUSSEL
    LAURENS, lieutenant, chef de section à la 1ère Cie
    BAFFERS
    BONNET
    FAY (de la)
    FRELAUT
    GAUDY Paul
    AUDIBERT Léon
    HUGUET Victorin Pierre 825 1913 Bourgoin 
    Notes de Jean Breton

    Le lieutenant Baffert est remonté sur un brancard. En reconnaissance, il s'est trouvé nez à nez  avec les Allemands et a reçu une balle dans la cuisse.
    Grand duel d'artillerie. Nous continuons à approfondir notre tranchée et à élever les parapets.
    8 heures. Formidable attaque des 75e et 52e, débouchant par la droite. Nous les appuyons de notre feu. Notre artillerie arrose les Allemands d'obus. Les balles et les obus sifflent sans arrêt.  Chahut formidable.
    Le 75e avance sur notre droite. Les Allemands pris de revers, arrosés d'obus, s'enfuient en déroute en gueulant.
    A 10 heures nous recevons l'ordre de quitter la position. Nous sommes relayés par le 75e chasseur.
    Nous partons pour Laveline et le col de Sainte-Marie. A Laveline, pluie. Convoi de 100 prisonniers allemands.  Je me réapprovisionne en conserves.
    Nous partons pour Colroy où nous sommes cantonnés. En route, nous croisons des blessés prussiens qu'on évacue vers la France.
    Notes de Jean Breton
     Il s’agit probablement du 75ème RI
     
    Pierre RIGNON, 1er bataillon, dans son carnet

    Réveil à 3 h. du matin; départ à 3 h. 45 pour rester dans un bois jusqu'à 11 h ; à 11 h. départ pour essayer de franchir les lignes allemandes, en descendant le bois les obus éclatent (Capitaine mort)  Lt bl(essé) ; C. bl. ; Chevalier; Hugo Auguste bl.; Mounier.
    La pluie commence à tomber à 1 h. et continue tout le soir.
    Aéro allemand; fusillade sans résultat.
     
     
     



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